mardi 20 novembre 2012

Naître pour vieillir et renaître par le vieillissement ! Un paradoxe difficilement élaborable.

Photo issue d'une campagne pour Novartis (Entreprise qui fabrique des médicaments destinés à préserver  la santé et le bien être)

Vieillir, voilà un mot dont on se passerai bien. 

Quand bien même nous savons tous ce que veux dire le mot « vieillir », il est difficile de se « sentir vieillir » ainsi que de se "voir vieillir". L’accès à ce vieillissement va se faire par un ensemble de « crises » identitaires et sexuées. La notion de crise pour Schaeffer fait référence à un « débordement du moi », c'est-à-dire, que l’individu ne peut plus contenir l’excitation qui l’envahit. Ses moyens défensifs sont dépassés et le seul moyen de l’emporter sur cette crise est de permettre une réorganisation des ses assises narcissiques, c'est-à-dire de l’investissement que l'on a de nous-même. Passer par cette étape de « crise » apparait pour Schaeffer comme fondamentale. Ainsi, ne vous vous inquiétez pas si vous en rencontrez une. En effet, cette crise serait, selon elle, une « chance » car elle permettrait « une mise à l’épreuve des capacités de séparation et de deuil ». Si vous arrivez à surmonter cette crise, c’est donc que vous possédez un appareil psychique suffisamment flexible pour être capable d’affronter ces épreuves. 

Quand on parle de crise du milieu de vie, on fait référence à des conflits intrapsychiques sur le versant sexuel et mortel. Cette crise va s’exprimer dans le réel par la ménopause chez les femmes. En effet, sous le couvert de celle-ci, il va y avoir un remaniement des questionnements sur la sexualité et le désir de sexualité, mais aussi, une prise de conscience de l’effondrement de la croyance en l’immortalité par « la mort des capacités procréatrices » (Schaeffer). Seulement, comme le souligne Schaeffer, faire le deuil de sa fonction maternelle ne veut pas dire faire le deuil de sa féminité. Bien au contraire, il faut assumer sa nouvelle féminité sans quoi, le risque de dépression n’est jamais loin.

Le départ ou la perte des enfants ou du mari peut devenir, en soi, un facteur prédisposant à cette dépression  « post-ménopausienne ».  On appelle cela le « syndrome du nid vide » à la suite duquel un grand nombre de femmes vont retrouver une vie sexuelle érotique avec un homme d’environ quinze ans leur cadet. On parle alors ici du « complexe de Jocaste » dont la notion a été développée par Marie-Christine Laznik (2003). Pour Jean Bergeret, ce complexe surviendrait comme une deuxième crise de l’adolescence. Ce que recherche la femme, c’est le désir que l’Autre peut lui porter à travers notamment son regard. Le regard pour la femme est synonyme de désir. Je pourrais, pour vous expliquer cela, me référer au stade du miroir de Lacan et de Winnicott mais l’exemple le plus simple qui me vient à l’esprit est celui de « Blanche neige », où la méchante sorcière ne vit qu’à travers l’image que lui renvoie son miroir et qui lui permet de vivre confortablement ses pulsions grâce à des assises narcissiques suffisamment, même abondamment satisfaites. Et ceci, jusqu’au jour où le miroir fait référence à une autre personne qu’elle (Blanche Neige), encore plus belle qu’elle et surtout encore plus jeune qu'elle. A ce moment, son estime d’elle-même s’effondre. Ses pulsions ne sont plus contenues et elle tombe dans une dépression. Le seul moyen pour elle d’y faire face est le passage à l’acte, dont le but est l’anéantissement de cette menace extérieure qui est Blanche Neige. Bien sûr, il ne s’agira pas ici d’  « éliminer » ce qui fait obstacle dans ce remaniement identitaire "post-ménopausien" mais bien réinvestir une position féminine et de se créer une "nouvelle" identité avec l'élaboration de nouveaux projets de vie. 

Par cet article, j’espère vous avoir redonné confiance en vous dans votre  « parcours du vieillissement », qui comme tout stade du développement comporte des hauts et des bas. Des questionnements sexuels et morbides y ont tous leurs intérêts et leurs spécificités. Etant donné que la ménopause fait irruption, sur le plan du réel conscient (puisque inconsciemment ce processus s’établit sur la durée), presque brutalement dans la vie et va opérer un changement physiologique et psychique, il est tout à fait normal de présenter des symptômes comme une « baisse de moral » sans pour autant tomber dans une dépression chronique.

J’ajouterais rapidement l’intérêt du travail d’Anastasia Blanché sur le rapprochement entre le passage à la retraite et les remaniements identitaires qui vont s’effectuer. Car en effet, il est  particulièrement intéressant de voir comment le Moi va faire face à ce narcissisme qui tend à être délabré par la société qui prône une jeunesse et qui dévalorise « les vieux » puisqu’ils  « n’apportent rien à la société et coûtent cher ». Si vous êtes aussi curieux que moi, je vous laisse les références de l’article d’Anastasia Blanché pour comprendre les mécanismes dont vous et moi n’avons pas conscience et qui peuvent ou non « sauver notre peau ».

Sources : 
Blanché, A. (2007). Ruptures-Passages : Approches psychanalytiques du vieillissement. Gérontologie et société. Vol 121. (pp 11 – 30).
Schaeffer, J. (2005). Quel retour d’âge ? Début de la fin ou fin du début ?. Revue française de psychanalyse. Vol 69. (pp 1013 – 1030). 

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