Photo issue d'une campagne pour Novartis (Entreprise qui fabrique des médicaments destinés à préserver la santé et le bien être) |
Vieillir,
voilà un mot dont on se passerai bien.
Quand bien même nous savons tous ce que
veux dire le mot « vieillir », il est difficile de se « sentir
vieillir » ainsi que de se "voir vieillir". L’accès à ce vieillissement va se faire par un ensemble de
« crises » identitaires et sexuées. La notion de crise pour Schaeffer
fait référence à un « débordement du moi », c'est-à-dire, que
l’individu ne peut plus contenir l’excitation qui l’envahit. Ses moyens
défensifs sont dépassés et le seul moyen de l’emporter sur cette crise est de
permettre une réorganisation des ses assises narcissiques, c'est-à-dire de l’investissement
que l'on a de nous-même. Passer par cette étape de « crise » apparait
pour Schaeffer comme fondamentale. Ainsi, ne vous vous inquiétez pas si vous en
rencontrez une. En effet, cette crise serait, selon elle, une
« chance » car elle permettrait « une mise à l’épreuve des capacités
de séparation et de deuil ». Si vous arrivez à surmonter cette crise,
c’est donc que vous possédez un appareil psychique suffisamment flexible pour
être capable d’affronter ces épreuves.
Quand
on parle de crise du milieu de vie, on fait référence à des conflits
intrapsychiques sur le versant sexuel et mortel. Cette crise va s’exprimer dans
le réel par la ménopause chez les femmes. En effet, sous le couvert de celle-ci,
il va y avoir un remaniement des questionnements sur la sexualité et le désir
de sexualité, mais aussi, une prise de conscience de l’effondrement de la
croyance en l’immortalité par « la mort des capacités procréatrices »
(Schaeffer). Seulement, comme le souligne Schaeffer, faire le deuil de sa
fonction maternelle ne veut pas dire faire le deuil de sa féminité. Bien au
contraire, il faut assumer sa nouvelle féminité sans quoi, le risque de
dépression n’est jamais loin.
Le
départ ou la perte des enfants ou du mari peut devenir, en soi, un facteur
prédisposant à cette dépression « post-ménopausienne ». On appelle cela le « syndrome du nid
vide » à la suite duquel un grand nombre de femmes vont retrouver une vie
sexuelle érotique avec un homme d’environ quinze ans leur cadet. On parle alors
ici du « complexe de Jocaste » dont la notion a été développée par
Marie-Christine Laznik (2003). Pour Jean Bergeret, ce complexe surviendrait
comme une deuxième crise de l’adolescence. Ce que recherche la femme, c’est le
désir que l’Autre peut lui porter à travers notamment son regard. Le regard pour
la femme est synonyme de désir. Je pourrais, pour vous expliquer cela, me
référer au stade du miroir de Lacan et de Winnicott mais l’exemple le plus
simple qui me vient à l’esprit est celui de « Blanche neige », où la
méchante sorcière ne vit qu’à travers l’image que lui renvoie son miroir et qui
lui permet de vivre confortablement ses pulsions grâce à des assises
narcissiques suffisamment, même abondamment satisfaites. Et ceci, jusqu’au jour
où le miroir fait référence à une autre personne qu’elle (Blanche Neige),
encore plus belle qu’elle et surtout encore plus jeune qu'elle. A ce moment, son estime d’elle-même s’effondre. Ses
pulsions ne sont plus contenues et elle tombe dans une dépression. Le seul
moyen pour elle d’y faire face est le passage à l’acte, dont le but est
l’anéantissement de cette menace extérieure qui est Blanche Neige. Bien sûr, il
ne s’agira pas ici d’ « éliminer » ce qui fait obstacle dans ce
remaniement identitaire "post-ménopausien" mais bien réinvestir une position féminine et de se créer une "nouvelle" identité avec l'élaboration de nouveaux projets de vie.
Par
cet article, j’espère vous avoir redonné confiance en vous dans votre
« parcours du vieillissement », qui comme tout stade du développement
comporte des hauts et des bas. Des questionnements sexuels et morbides y ont
tous leurs intérêts et leurs spécificités. Etant donné que la ménopause fait
irruption, sur le plan du réel conscient (puisque inconsciemment ce processus
s’établit sur la durée), presque brutalement dans la vie et va opérer un
changement physiologique et psychique, il est tout à fait normal de présenter
des symptômes comme une « baisse de moral » sans pour autant tomber
dans une dépression chronique.
J’ajouterais
rapidement l’intérêt du travail d’Anastasia Blanché sur le rapprochement entre
le passage à la retraite et les remaniements identitaires qui vont s’effectuer.
Car en effet, il est particulièrement
intéressant de voir comment le Moi va faire face à ce narcissisme qui tend à
être délabré par la société qui prône une jeunesse et qui dévalorise « les
vieux » puisqu’ils
« n’apportent rien à la société et coûtent cher ». Si vous
êtes aussi curieux que moi, je vous laisse les références de l’article
d’Anastasia Blanché pour comprendre les mécanismes dont vous et moi n’avons pas
conscience et qui peuvent ou non « sauver notre peau ».
Sources :
Blanché,
A. (2007). Ruptures-Passages : Approches psychanalytiques du vieillissement.
Gérontologie et société. Vol 121. (pp 11 – 30).
Schaeffer,
J. (2005). Quel retour d’âge ? Début de la fin ou fin du début ?.
Revue française de psychanalyse. Vol 69. (pp 1013 – 1030).
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